pour entamer une randonnée. Le 11 juin 2010, nous l’avions suivi sur plusieurs kilomètres dans les paysages dantesques car couverts des cendres de l’Eyjafjallajökull tout proche, dont les dernières manifestations éruptives avaient cessé une semaine auparavant.

Vendredi 6 février Au pied de lEyjafjallajökull

Comme annoncé, ce matin il pleut et nous faisons la grasse matinée jusque 8 heures. Au programme de la journée, Selja- vallalaug la piscine thermale que nous avions lamentablement loupé le 3 février. Nous trouvons la route 242, qui est une bonne piste, et nous stationnons sur un parking jouxtant la ferme Seljavellir dont lenceinte abrite un camping et sa propre piscine. Nous attendons un moment dans la voiture, il pleut à flot avec un vent violent, ce nest pas très engageant. Au bout d’une heure, nous abandonnons et reprenons la route. Mais après quelques centaines de mètres parcourus sur la N1, nous tombons sur le musée construit suite à léruption de lEyjafjallajökull en 2010. Pour le moment, il y a peu de visiteurs et cest tant mieux car la salle dexposition, très intéressante, est assez exigüe. Un film, régulièrement diffusé dans la salle de cinéma contigüe, relate la dernière éruption tout en exaltant la

famille habitant la ferme Þorvaldseyri qui, pour le coup, a été en première ligne durant léruption... Lorsque nous ressortons  du musée, le ciel est plus avenant : de grandes éclaircies sont entrecoupées par des grains. Les lumières sont sublimes ! Nous retournons sans hésiter au parking de Seljavellir. Après avoir dépassé quatre summer houses, nous parcourons quelques centaines de mètres sur un terreplein abritant la conduite d’eau chaude qui alimente la piscine de la ferme. Les averses de grêle alternent avec les éclaircies. Avant de rejoindre un torrent qui dévale de notre gauche, un lagopède s’envole à nos pieds et disparaît derrière un éperon. Ce torrent est impétueux : avec la fonte de la neige et les précipitations torrentielles de ce matin, le débit est trop important pour que nous tentions de le traverser. En aval, il conflue avec le cours d’eau principal. Ce dernier est partiellement couvert de ponts de neige et, théoriquement, on pourrait tenter de traverser. Mais les risques sont beaucoup trop importants, et nous ne souhaitons pas allonger les listes des imprudents qui ont terminé leur carrière dans les eaux glaciales d’un torrent de montagne. Déçus, nous rebroussons chemin… Le versant au pied duquel nous progressons est original, avec ces successions d’aiguilles

de basaltes aux contours arrondis. Avant d’arriver aux summer houses, nous prenons une piste qui s’élève à droite et qui mène en quelques minutes à une petite carrière. Ses parois sont des orgues de basalte si régulières qu’elles semblent sorties d’un moule ! Nous sommes assaillis par une giboulée de neige, ce qui précipite notre retour à la voiture. Nous reprenons la N1 vers louest, mais nous nous arrêtons très souvent : le soleil rasant illumine les versants dominés par un ciel aux nuances dramatiques ! Nous nous arrêtons de nouveau à Seljalands- foss. Le spectacle est renouvelé : les stalactites qui ornaient la paroi ont presque toutes disparu avec le redoux, mais avec le vent violent de sud qui sévit maintenant, la cascade est prise à rebrousse poil et des gerbes deau sélèvent à la verticale en se dispersant ! Puis nous joignons Selfoss, où nous avons réservé une chambre dans une guesthouse pour deux nuits. Bizarrement, la rue est encore couverte de glace et cest avec une grande prudence que nous atteignons la maison. Il n’y a personne, mais avec linterphone situé à côté de la porte, nous contactons une jeune femme qui arrive bientôt en voiture pour nous accueillir. La maison est vaste, assez luxueuse, très moderne et bien équipée.

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La carrière de basalte de

Seljavellir.

Le comble, cest quà cette saison, le prix de la nuit pour deux personnes est ici moindre qu’à la sinistre auberge de jeunesse de Selfoss ! Nous préparons un énorme gigot d’agneau dans le four, les restes seront appréciés demain ! Ce soir, nous partageons la maison avec un couple de Hollandais, ce qui permet à Jeanet de converser dans sa langue natale, et avec un couple dItaliens. Les échanges sont sympathiques, et lorsque lItalien sort une bouteille de whisky et men propose un verre, cest le nirvana ! Nous navons bu en tout et pour tout qu’une bière chacun depuis notre arrivée en Islande, et ce petit extra est le bienvenue…

Samedi 7 février

La rivière d’eau chaude…

Départ de nuit pour Hveragerði, cette petite ville située dans une zone géothermique étendue. Elle a mis à profit cette ressource, bien sûr pour le chauffage centrale des habitations, mais aussi pour les nombreuses serres où sont produits légumes, fleurs et mêmes bananes ! À cette saison, le manque de soleil est compensé par un éclairage artificiel et lorsqu’on s’approche de cette ville de nuit, on perçoit en premier un vaste halo lumineux. Alors que le jour se lève sous les nuages gris et qu’il pluviote, nous stationnons au parking d’où commence le sentier pour Reykjadalurla maintenant trop célèbre rivière d’eau chaude…

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Les serres de Hveragerði Randonnée dans la brume vers Reykjadalur, la rivière d’eau chaude…

 Nous y étions déjà allés lors de deux précédents voyages et nous sommes curieux de la découvrir en condition hivernale. Le sentier serpente d’abord au milieu de sources thermales, puis s’élève dans le versant. Rapidement, la neige couvre en continu le sentie, et toute empreinte a disparu avec la chute de neige de cette nuit : nous sommes donc les premiers de la journée à emprunter ce sentier. En montant, nous arrivons au niveau des nuages et maintenant il est difficile de distinguer le ciel du sol. Nous poursuivons un peu à linstinct, en nous rappelant au fur et à mesure les reliefs traversés. Nous croisons des empreintes de lagopèdes, mais nous n’en verrons pas un ! Certains passages pentus sur neige gelée nous font regretter de ne pas nous être munis de crampons, mais ça passe quand même… Au bout d’une heure de marche dans le blanc total et après avoir traversé la fameuse rivière, nous tombons comme prévu sur le panneau Hætta, alertant les randonneurs de la dangerosité des sources thermales dont certaines atteignent ici les 100°C. Nous poursuivons au jugé à flanc de montagne et bientôt nous apercevons les marmites bouillantes doù séchappent des vapeurs qui viennent se fondre au brouillard.

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Embouchure de l’Ölfusá et les extraordinaires glaçons échoués sur la plage.

 Plus loin, nous nous rapprochons du lit de la rivière car nous savons que nous sommes près du but. Et nous découvrons une nouveauté : des pontons en bois émergent de la neige et longent la rivière ! Dommage pour lauthenticité des lieux. Dailleurs, leur installation nest pas terminée : les ouvriers ont-ils abandonner leur ouvrage à cause de l’hiver ? Nous nous déshabillons sur lextrémité dun ponton. Pour éviter que nos vêtements ne shumidifient sous la bruine ininterrompue, nous les avons couvert de nos vestes. Nous traversons les berges enneigées nus comme des vers avant de nous immerger dans la rivière. L’eau nous semble moins chaude que les années précédentes, mais sans doute est-ce normal, l’eau de fonte délayant l’eau thermale. Nous remontons progressivement la rivière à la recherche d’une eau plus chaude, si bien qu’au bout d’un moment, l’envie me prend d’aller chercher nos vêtements qui sont maintenant distants d’une centaine de mètres, histoire de ne pas s’en éloigner de trop. Ma course ans la neige puis sur le ponton a beaucoup amusé Jeanet… Nous nous prélassons encore un long moment dans l’eau, savourant ces instants exceptionnels. Puis nous rejoignons le ponton, et après sêtre réhabillés arrivent trois jeunes femmes qui nous remercient car c’est en suivant nos empreintes qu’elles ont pu trouver la rivière d’eau chaude !

 Nous retournons par le même itinéraire et bientôt nous croisons un puis deux puis trois puis un défilé ininterrompu de randonneurs : avec une telle fréquentation, nous comprenons que les autorités aient décidé d’aménager, afin de les protéger de l’érosion, les berges de cette rivière. Nous rejoignons la voiture et nous suivons la route 38 en direction de Þorlákshöfn. Nous la quittons pour la route 34 menant à Eyrarbakki. Nous stationnons juste avant le pont qui traverse l’embouchure de l’Ölfusá nous rejoignons la plage de sable noir qui la borde côté rivière. Sur cette plage, d’innombrables blocs de glace forment des alignements parallèles, et nous comprenons qu’ils ont été déposés lors de marées hautes successives. Ils sont issus de la débâcle qui a suivi le redoux de ces derniers jours. Les blocs offrent une diversité de formes et de teintes incroyables et nous avons l’impression de visiter la collection d’un sculpteur génial et prolifique. Jeanet entreprend de déplacer de gros blocs de glace afin de composer un immense Island de cinq ou six mètres de long sur le sable noir. Cette pratique du land art nécessite des muscles! Nous rejoignons le côté mer, et le spectacle est différent.

La houle déferle sur une ligne de hauts fonds à quelques centaines de mètres au large, et entre cette ligne et la plage sétend une eau verdâtre chargée de plaques de glace. Ces dernières couvrent les premiers mètres de la plage, si bien qu’il est assez acrobatique datteindre leau. La scène, structurée en bandes par le gris du ciel, le blanc de la houle déferlante, le vert de la mer, la matière chaotique de la glace et le noir de la plage, m’inspire des images prises en pose longue : je vais chercher le trépied dans la voiture. Pas de chance, lorsque je reviens sur la plage avec le matériel adéquat, il se met à bruiner, ce qui ruine mon projet photographique… Retour teinté de frustration à la voiture puis à Selfoss nous rejoignons notre guesthouse.

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La riante bourgade d’Eyrarbakki

Dimanche 8 février En route pour le Reykjanes

Les charmes du Reykjanes

Notre destination pour le soir est la presqu’île du Reykjanes. Mais prenons le chemin des écoliers ! Pour visiter les villages côtiers, nous retournons sur la côte sous de sombres nuages, avec comme première étape Stokkseyri. Nous y découvrons un panneau dinformation qui nous apprend quil y a 8 700 ans, une exceptionnelle coulée de lave de 140 km de long a fini sa course dans locéan. Léruption était localisée dans la région du Veiðivötn. Un gigantesque volume de lave de 25 km3 sest déversé à cette occasion... Nous ne nous attardons pas, il bruine. Étape suivante : Eyrarbakki, petite ville très soignée dont les maisons ont été repeintes de pimpantes couleurs : elle a récemment bénéficié d’une opération de redynamisation par le tourisme. Son port était l’un des plus importants d’Islande pendant des siècles, ce qui assurait une prospérité enviable à la communauté. Devenu complètement incompatible avec les exigences de la navigation actuelle, son déclin a durement affecté l’économie locale. Malgré la pluie et le vent, nous parcourons avec plaisir la digue qui sépare la ville de lestran où sacharne une belle houle, et nous retournons à la voiture en musardant dans les rues où chaque maison mérite un arrêt photo !

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En haut : à gauche, Harelde boréale male ; à droite, église de Strandarkirkja.

En bas : à gauche, les ruines de Herdísarvík ;

à droite, Graenvatn, un lac qui porte bien son nom !

 Nous nous arrêtons de nouveau au pont qui traverse l’embouchure de l’Ölfusá et là, surprise ! Tous les blocs de glace, qui encombraient hier la plage et le cours d’eau, ont disparu. Comment cela est-il possible ? Nous rejoignons ensuite Þorlákshöfn, nous assistons au départ du ferry qui fait la liaison avec les îles Vestmannajaer puis nous déambulons dans son grand port de pêche. Nous y découvrons un mâle et une femelle de Hareldes boréales, qui barbotent en compagnie d’Eiders à duvet. Une trentaine de kilomètres plus loin, nous quittons la route 42 pour un détour à Strandarkirkja. Cette église, associée à quelques fermes isolées dont certaines tom- bent en ruine, aurait été construite suite à l’issue miraculeuse d’un accostage épique à travers les récifs de la côte toute pro- che alors que sévissait la tempête. D’ailleurs, pour le moment, la mer se déchaine et il est évident qu’il est quasiment impossible daccoster vivant ici par un temps pareil : si lhistoire est vraie, il y a bien eu miracle… Nouvel arrêt à Herdísarvík, encore un lieu historique, que nous atteignons par une bonne piste.

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La zone géothermale de Seltún.

Cest une ancienne ferme qui a exploité un secteur fertile bordé par des coulées de basalte, et qui bénéficie d’un accès direct à une baie particulièrement protégée de la houle : un lieu idéal pour vivre de la terre et de la mer. À part une petite maison en bon état, le site doit sinterpréter à partir des nombreuses traces des aménagements passés : enclos en pierres sèches, restes de bâtiments, etc. Le dernier habitant permanent a été lavocat et poète Einar Benediktsson, mort en 1940. Visionnaire, ce dernier a contribué à lémancipation de l’Islande et à faire entrer ce pays dans le concert des nations. Difficile d’imaginer que cet homme, qui a côtoyé les grands de ce monde, ait vécu en ce lieu particulièrement isolé. Nous reprenons la route, et poursuivons jusqu’au Graenvatn, ce lac vert turquoise proche de Krýsuvík. Nous comptions en explorer le secteur est, où se trouvent des sources thermales moins touristiques que celles toutes proches de Seltún, mais la météo est catastrophique : pluie, vent violent et plafond nuageux très bas. Les conditions ne sont pas engageantes, et finalement, nous allons faire un tour aux sources de Seltún, toujours aussi belles… et fréquentées ! Avec les intempéries, la lumière est terne, et les dépôts minéraux dhabitude aux coloris si vifs sont aujourdhui dans les tons pastel.

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Randonnée sur la presqu’île d’Hópnes.

Curieusement, de lautrcôté de la route, lénorme marmite de boue, qui dhabitude bouillonne à quelques mètres de profondeur, est pleine d’eau et semble une mare tout à fait banale… Sans doute la nappe phréatique remonte de plusieurs mètres pendant les périodes de dégel, dilue la boue et absorbe les bouillonnements. Nous rejoignons Grindavík, où nous avons réservé pour deux nuits une chambre dans la guesthouse Borg. Cet hébergement au charme rétro est très accueillant, nous nous y sentons bien. Après le dîner, balade nocturne jusqu’au port. Nous reconnaissons sur les quais le bar Bryggjan, en 2010 nous avions dégusté une délicieuse soupe islandaise : cest certain, nous y retournerons demain !

Lundi 9 février

Randonnée parmi les épaves

Petit déjeuner en self-service. Nous nous rendons au musée de Grindavík dédié au poisson salé.

 D’après les horaires affichés, il ouvre à 10h00, mais vingt minutes plus tard nous attendons toujours devant la porte dentrée qui reste close. Comme alternative, nous décidons d’aller nous balader malgré le vent et les averses sur la presqu’île Hópnes qui protège la baie de Grindavík. Après avoir contourné le port, nous suivons plein

sud une piste qui suit la côte ouest de la presqu’île à travers des champs de lave. Assez rapidement, nous découvrons un amas de tôle rouillée qui se révèle être l’épave d’un grand ba- teau de pêche : incroyable, la mer doit se trouver à une bonne centaine de mètre et une digue d’énormes galets nous la mas- que. Comment ce bateau a-t-il pu atterrir ici ? Plus tard, on nous expliquera que lors de très grosses tempêtes, les vagues pénètrent loin sur la presqu’île et peuvent y rouler les mal- heureux bateaux qui nauraient pas réussi à se mettre à labri à temps. Un panneau désigne et localise une trentaine d’épaves qui jonchent cette terrible presqu’île et ses abords. La piste est jalonnée d’épaves. La fin tragique de chacun des bateaux est commentée sur de petits panneaux. Nous sommes surpris d’apprendre que parmi les naufragés, nombreux sont ceux qui ont été sauvés par l’équipe de sauvetage du port. Nous imaginons que les plus récentes catastrophes imprègnent la mé- moire de la communauté de Grindavík, dont lactivité principale est la pêche. Nous atteignons le phare orange qui marque lextrémité sud de Hópnes, ensuite la piste rejoint sa côte est, où abondent les traces dactivités humaines du passé : ruines de maison, murets de pierre délimitant des champs, 

débarcadère, etc. Nous terminons la boucle et rentrons à Grinda- vík sous les bourrasques de neige. Nous filons directement au Bryggjan et nous nous servons une soupe à la langouste avec des tartines beurrées. L’ambiance est toujours sympathique. Nous discutons avec le patron, qui est heureux d’apprendre que nous sommes déjà venus en juin 2010 : il venait d’ouvrir son établissement ! Il est passionné par son pays, et il nous raconte de nombreuses anecdotes. Il nous parle des elfes, dont certains de ses compatriotes considèrent aujourd’hui encore comme une réalité. Il nous raconte alors ce chef dentreprise de Grindavík qui, lorsqu’il a construit son usine de transformation de poisson rue Seljabót, a soigneusement évité d’araser un gros rocher, prétendument repaire des elfes ! Lorsqu’un de ses fils a pris linitiative den entamer un morceau avec un tractopelle, l’usine est tombée en panne. Alerté, le père qui était en voyage aux États-Unis, lui demande au téléphone « As-tu touché au rocher des elfes ? », et cétait bien le cas... Nous annonçons au patron du Bryggjan que nous avons lintention de randonner cet après-midi. Il nous conseille une balade insolite dans les champs de lave, où il y aura peu de risque dêtre gêné par les visiteurs. Lorsque nous nous quittons, nous nous donnons rendez-vous dans cinq ans !

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À gauche : en haut , Grindavík, le rocher des elfes ; en bas, onduite d’eau géothermale.

À droite : sur le chemin de

Rauðhóll, de cratères en fissures.

 Nous prenons la route de Keflavik, mais à la sortie de la ville, nous bifurquons à gauche, direction le Blue lagoon. La route contourne par louest le modeste Þorbjörn (229 m), puis permet d’apercevoir la très grosse usine géothermique Svartsengi, dont les rejets en eau chargée de silice alimentent le trop fameux Blue lagoon. Nous bifurquons à gauche sur une bonne piste qui suit un pipeline d’eau thermale. Un kilomètre plus loin, le pipeline continue vers le sud mais nous poursuivons tout droit à travers les champs de lave. Litinéraire semble évident, il suffit doublier toutes les bifurcations de pistes pour 4×4, et poursuivre pendant trois ou quatre kilomètres. Après avoir traversé une immense dalle de basalte, la piste sarrête sur une tête de forage doù séchappe un très bruyant jet de vapeur. De part et dautre, des cratères de quelques dizaines de mètres tout au plus sont alignés selon la direction sud ouest – nord est. Ces manifestations volcani- ques sont récentes (postglaciaires) et nous nous trouvons sur la partie émergée de la ride médio-atlantique qui sépare les plaques océaniques américaine et européenne. Comme à Þin- gvellir, nous sommes à l’aplomb de la zone de convection du magma et qui, à l’approche de la surface terrestre se sépare en

deux courants horizontaux de directions opposées, entrainant avec eux les plaques américaine et européenne au rythme de deux centimètres par an. Pas étonnant que dans cette région les températures du sous-sol gagnent 150°C par kilomètre de profondeur alors que sur le continent, la valeur oscille entre 25°C et 30°C par kilomètre. Nous gravissons le petit cratère au sud de la route et trouvons les piquets bleus qui balisent le sentier. Il permet de cheminer de cratère en cratère à travers des champs de lave où alternent de la lave compacte, des zo- nes couvertes de mousse, des fissures profondes, des tunnels de lave, des éboulis de scories. Les paysages sobres et immen- ses invitent à une marche contemplative sans fin. Nous faisons toutefois demi-tour à contrecœur après une heure de marche. Nous rentrons sur Grindavík rejoindre la guesthouse.

Mardi 10 février Dernier jour en Islande : mon boitier rend l’ âme!

Dernier jour plein avant notre retour en France. Nous avons réservé pour ce soir une chambre à Keflavik. La surprise de ce matin : il a neigé cette nuit et la ville est drapée d’un man- teau blanc. Parmi le flot de véhicules qui rejoignent la capitale, nous roulons prudemment sur la neige jusque Kópavogur,

dans la banlieue de Reykjavik. Les conducteurs islandais qui nous suivent, bien entraînés à la conduite dans ces conditions, doivent nous prendre pour ce que nous sommes : des touris- tes ! Après sêtre fourvoyés dans des lotissements alors que les bourrasques de neige redoublent, nous finissons par trouver ce que nous cherchons : le muséum dhistoire naturelle. Installé dans un bâtiment moderne partagé avec une médiathèque, il expose joliment une diversité représentative des richesses naturelles de l’île, y compris des groupes qui sont rarement présentés dans les musées que nous avons visités à dautres occasions. Notamment, de grandes vitrines sont consacrées aux mollusques. Un seul reproche : très peu de traductions en an- glais, ce qui est vraiment dommage car nous repartirons plein dinterrogations. Nous reprenons la voiture et rejoignons le port. Avec le vent, le froid (il fait -4°C) et un abat déchaîné de grêlons, nous optons pour piqueniquer dans la voiture. Puis un rayon de soleil apparaît : nous en profitons pour déambuler sur les quais. Nous adorons l’ambiance des ports, interface entre vie terrestre et vie maritime, véritable porte vers laventure… Après ce crochet à Kópavogur, nous reprenons la route pour Njarðvík. La chaussée est encore plus glissante que ce matin.

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Coulée de lave de l’Eldvarpahraun.

 Depuis notre aventure sur la route de Geysir, je n’ai plus confiance dans la tenue de route de la Spark sur la neige, et j’angoisse jusqu’à ce que nous quittions la voie rapide. Nous visitons des nouveaux quartiers pas mal conçus, puis la lumière devient de nouveau incroyable, il y a de belles images à faire. Sauf que mon boitier ne répond plus : pas moyen de déclencher! A-t-il fini par succomber aux intempéries successives que je lui fais subir depuis trois semaines ? Probablement. Pour l’heure, je me sens tout nu sans appareil photo, mais je reste zen, cette panne intervient quelques heures avant notre retour en France. De toute évidence, j’aurais été vert de rage si cela était arrivé en début de voyage… Nous rejoignons le centre de Keflavik, où nous avons lintention de visiter le musée Duus qui donne sur le petit port au nord de la ville. Vaste et intéressant, ce musée, installé dans un bâtiment traditionnel, présente plusieurs salles aux thématiques différentes. L’une dentre elle recueille une incroyable collection de maquettes de chalutiers, toutes plus belles les unes que les autres. Une autre décrit la vie et lhistoire de Keflavik, deux autres exposent des peintures et sculptures contemporaines ainsi qu’une présentation sur le rôle et la pratique du design.

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Très bon moment passé, dautant plus que les rafales de neige persistent dehors et la couche sépaissit au sol. Nous rejoignons le Fit Hostel où nous avons réservé pour cette dernière nuit. Il sagit dune auberge de jeunesse située dans une zone dactivité pas très romantique, mais qui présente pas mal d’avantages : un tarif imbattable pour Keflavik cette saison, 45 pour deux!), un salon très bien aménagé, une situation à cinq minutes de laéroport. Après dîner, nous partons nous promener nuitamment dans la neige en suivant le chemin côtier qui mène vers le centre ville. Nous aimons bien cet itinéraire, que nous empruntons à chacune de nos fins de voyage en Islande.

Mercredi 11 février Retour dans les Pyrénées-Orientales…

Le réveil sonne à 4 h 18, nous nous levons et préparons le petit déjeuner comme des automates et quittons l’auberge à 5 h 00. On nous attend à l’agence Sixt, et après une visite scrupu- leuse de notre brave Spark, l’employé et moi-même signons le check-in. Aucun problème… La navette nous emmène ensuite à l’aérogare. Décollage à 6 h 50, atterrissage à Roissy à 11 h 15 heure locale. Et le soir même nous sommes à Perpignan… Et déjà la nostalgie nous tenaille !

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Bibliographie sommaire

Bárðarson Hjálmar R., 1987. Oiseaux d’Islande. Hjálmar R. Bárðarson éditeur. Reykjavik, 336 p.

Breuil M., 1989. Les oiseaux d’Islande. Faune d’Europe. Lechevalier – R. Chabaud éditeurs. Paris, 287p.

Guðmundsson Ari Trausti, 2011. Living Earth : Outline of the Geology of Iceland. Mál og Menning, Reykjavik, 408 p.

Ólafsson Guðmundur Páll, 1998. The coast of Iceland. Mál og Menning, Reykjavik, 460 p.

Thordarson Thor & Höskuldsson Ármann, 2014. Iceland, second edition, Classic Geology in Europe 3, Dunedin. Edinburgh, London, 256 p.

Annexe technique

Répartition des dépenses

Fidèles à nos habitudes, pour ce quatrième voyage en Islande, nous avons essayé de concilier deux principes à priori contradictoires lorsque la destination est intrinsèquement onéreuse : partir « longtemps » mais avec un petit budget. Avec un coût d’à peine plus de 1400 € par personne tout compris pour trois semaines sur place, il nous semble que nous y avons réussi, sans pour autant avoir sacrifié ni le confort, ni lintérêt du voyage. Il est vrai que, par principe, nous préférons approfondir la découverte dans un périmètre limité que de tout survoler mais superficiellement : qui embrasse trop mal étreint… Si bien que nous n’avons parcouru que 1600 km en trois semaines, ce qui a au moins limité les dépenses de carburant.

Quelques remarques générales

Hébergement. Cest de loin le poste de dépense le plus important, bien qu’en hiver les tarifs soient moindre qu’en haute saison. La différence du coût des nuitées en guesthouse peut

atteindre 30 % et il est assez facile de trouver à se loger à deux pour 50 € par nuit, voire moins. Nous avons autant que possible privilégié les hébergements offrant une cuisine en gestion libre.

Location véhicule. Pour la troisième fois, nous avons loué une Chevrolet Spark à l’agence Sixt de Keflavik. Nous n’avons jamais trouvé moins cher (environ 27 € par jour) mais cette voiture est minuscule et il est impossible de ranger tous les bagages dans le coffre. Lorsque nous avons récupéré la voiture à notre arrivée, lagent nous a proposé une assurance supplémentaire de 9 par jour pour le bris de parebrise qui nest pas couvert par l’assurance de base, arguant qu’en hiver le risque est accentué par le gravillonnage fréquent des routes : trouvant exorbitant le coût de cette assurance, nous refusons loffre. À la fin du voyage, nous avons conclu que cette assurance est vraiment superflue, la sortie de route étant un risque infiniment plus important à cette saison. Nous avons aussi conclu que ce type de véhicule, même équipé de pneus neige, est loin dêtre aussi sécurisant quun 4x4 : les deux tiers de notre voyage se sont déroulés sur neige ou sur glace et nous avons eu droit à quelques frayeurs, cest le moins que lon puisse dire

Pourtant, nous avons rencontré à de nombreuses reprises de petits modèles comme le nôtre déambulant dans les immensités glacées : comme quoi, notre choix nétait pas complètement incongru.

Raquettes à neige. Nous avions longuement hésité avant de décider à les emmener. Nos recherches sur les forums à ce sujet sont restées vaines, les amateurs de randonnées hivernales ne semblant pas légion. Finalement, à aucun moment elles nont été nécessaires. Beaucoup plus utile auraient été des paires de crampons « de ville » (cest ainsi que jai baptisé ces crampons simplifiés qui se chaussent sur nimporte quelles chaussures), légères et peu encombrantes. Les déplacements sur la glace, surtout en ville et sur les sites touristiques, ont été nombreux. Dépenses. Le tableau suivant ventile l’ensemble des dépenses engagées pour ce voyage à deux, à compter de nos domiciles dans les Pyrénées Orientales.

Voyage en Islande du 20 janvier au 11 février 2015 (3 semaines)

Transports

AR SNCF Perpignan-Paris, TER, avion, bateau pour

680 €

Location voiture

Chevrolet Spark (Sixt Keflavik)

559 €

Essence

 

141 €

Hostel, Guest House

Y compris 2 adhésions Youth Hostel

et 9×2 petits déjeuners compris dans

1 123 €

Nourriture

Y compris pizzeria, pâtisseries, etc.

297 €

Musée

 

44 €

Types de dépenses Détails 

Viðey, péage tunnel…

l’offre de certains des hébergements

Total général pour deux 2 879

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