Le gagnant du thème 5 : Olivier Pellegri
fin août.
Je suis en affût sous mon filet, les chaumes sont encore blancs: c’est l’heure entre gris clair et gris foncé.
Je sais qu’elle passera sur le dos du champ au loin. Je l’ai déjà vu plusieurs fois à cette heure matinale revenir de la ferme par cette petite crête.
Que va-t-elle faire là-bas ? sans doute glaner quelque nourriture facile dans le compost ou un rongeur malhabile se croyant à l’abri de ses crocs chez les hommes.
Le bois qui est derrière moi abrite ses jeunes de l’année que j’ai pu photographier en mai. Ils sont maintenant grands mais n’osent pas encore la suivre jusque-là.
Je vois de temps à temps leurs oreilles pointus à la lisière.
Voilà 3 bonnes semaines que je suis là presque un matin sur deux. Mon patron a dû noter ma mine fatiguée, surmenage doit-il penser…
Le soleil pointe ses premiers rayons roses et je vois cette silhouette familière déambuler sur la crête. Mais alors qu’habituellement elle file sur ma droite le long de la haie qui revient vers le bois, à ma grande surprise ce matin-là elle obliquera vers moi à travers les chaumes !
Que me vaut cette imprudence notable? Circuler à découvert n’est pas dans les habitudes du renard.
Je ne crache pas sur l’opportunité offerte et retient ma respiration (comme si cela pouvait aider à quelque chose !).
Elle passera à portée de mon objectif daignant me gratifier de quelques poses dans sa course, seuls moments exploitables tant la lumière est faible.
Moments inoubliables de proximité qui font voler en éclat les longues matinées d’attentes infructueuses.
